Imaginée pour la marque de vêtements Desigual, la performance artistique simulant une orgie s'est déroulée dans le cadre de la foire d’art contemporain Art Basel à Miami. Un show aussi osé qu'engagé.
Vendredi 6 décembre, la marque espagnole Desigual a surpris le public de Art Basel Miami en présentant ses collections sous la forme d'une performance artistique durant laquelle une trentaine de modèles ont simulé une scène d'orgie. Parmi eux figurait Lourdes Leon, la fille de Madonna. Mis en scène par l'artiste et photographe catalane Carlota Guerrero, ce happening organisé au Temple House de Miami avait pour décor une statue géante avec à son sommet deux visages.
Striptease collectif
Comme on le découvre sur la vidéo diffusée sur le compte Instagram de Desigual, les mannequins habillés avec la collection printemps-été 2020, passent au milieu des spectateurs en dansant avant de rejoindre la sculpture. Selon la chorégraphie orchestrée par l'artiste, les couples se forment, se regardent, se touchent avant d'entamer un striptease collectif. Au premier rang, Lourdes fait face à une jeune femme. Les deux se déshabillent et s'enlacent dans un slow langoureux. Autour d'elles, les corps de toutes morphologies, de toutes couleurs, s'enlacent et finissent par se fondre en orgie. Les spectateurs agglutinés devant la statue immortalisent la scène.
Une présentation hors norme et inclassable
Audacieuse, osée et engagée, la performance intitulée «el beso» (le baiser) invite celui qui la regarde à accepter les autres avec leurs différences. Avec cet événement surprise, Desigual s'oriente vers une autre forme de présentation de ses collections, hors du calendrier des Fashion Weeks et tout simplement hors cadre. Un show inclusif et inclassable en phase avec la philosophie body-positive de Lourdes Leon.
La Fondation Maeght rend hommage à Jacques Monory (1924-2018) avec la première exposition monographique depuis sa disparition.
Fondation Maeght
Une envie de soleil et d’art après un printemps sous cloche ? Ça tombe bien, quatre beaux lieux méridionaux s’offrent à nous.
À Saint-Paul-de-Vence
La Fondation Maeght rend hommage à Jacques Monory (1924-2018) avec la première exposition monographique depuis sa disparition. Au bleu du ciel provençal répond le bleu de ses grandes toiles réalistes et urbaines, inspirées de photos personnelles, de la presse et des films américains des années 1950. Un bleu romantique et mystérieux qui était pour l’artiste le symbole «du désir impossible» et de la «mise à distance du monde».
«Jacques Monory»,du 1er juillet au 22 novembre 2020, à la Fondation Maeght.
En Avignon
La Collection Lambert fête ses 20 ans avec deux expositions imprégnées de l’esprit de son fondateur, le grand galeriste Yvon Lambert. Dans la première, il a choisi treize de ses artistes phares, à qui il donne une salle entière, dont Cy Twombly, Anselm Kiefer, Christian Boltanski ou Donald Judd. La seconde souligne la force du thème de l’intime dans la collection autour d’un exceptionnel ensemble de photographies de Nan Goldin et de pièces de Jenny Holzer, Bruce Nauman, Alice Anderson…
«À travers les yeux d’Yvon Lambert, 20 ans après…», jusqu’au 15 novembre et «Je refléterai ce que tu es… De Nan Goldin à Roni Horn : l’intime dans la collection Lambert», jusqu’au 20 septembre, à la Collection Lambert.
Sur l’île de Porquerolles
Son exposition estivale reportée en 2021,la Fondation Carmignac a la bonne idée de la remplacer cet été par un accrochage de cent photos de son prix Carmignac du photoreportage sur les droits humains et les enjeux écologiques. L’occasion de (re)voir les passionnants sujets de Robin Hammond au Zimbabwe, ou de Yuri Kozyrev et Kadir van Lohuizen sur l’Arctique.
«Prix Carmignac du photojournalisme : 10 ans de reportages», du 4 juillet au 1er novembre, à la Fondation Carmignac.
Au Muy, dans le Var
Au sein de son magnifique parc de sculptures, où l’on peut admirer des œuvres de Bernar Venet, Sol LeWitt, Richard Deacon, Richard Long ou Tony Cragg, la Venet Foundation montre une œuvre conceptuelle spéciale post-Covid : une installation de Lawrence Weiner dans la longue galerie vitrée, visible depuis l’extérieur.
Enki Bilal, Tétralogie du monstre - Acte 1 Le Sommeil du monstre, 1998
Acrylique, pastel gras,
crayon et encre de Chine
29 × 39,4 cm
Atelier de l’artiste
Festivals, expositions, concerts... Tous les quinze jours, Madame Figaro propose sa sélection culturelle. Voici les cinq événements à ne pas rater.
Enki Bilal, au cœur de l’humain
«Exposer ses œuvres, c’est exhiber un peu de sa mémoire cachée», dit Enki Bilal né à Belgrade en ex-Yougoslavie, arrivé à Paris à l’âge de dix ans et auteur de nombreux albums de bande dessinée (depuis sa première publication au milieu des années 1970) dont le dessin figuratif précis et le procédé de la grisaille retiennent immédiatement l’attention. L’univers de l’artiste qui embrasse la BD, la peinture, le cinéma, à la fois réaliste et fantastique, terrible et violent, est profondément marqué par l’Histoire. Cet été, le Fonds Hélène & Edouard Leclerc, installé dans l’ancien couvent des Capucins de Landernau, propose la découverte de cette œuvre dont le sujet traite de l’humain, dans ses sentiments (la mélancolie, l’inquiétude, la tendresse…) et dans son cadre (la ville, l’architecture…). Le parcours de l’exposition suit les thèmes de prédilection d’Enki Bilal : la violence, la géopolitique, la métamorphose, l’intimité… S’y ajoutent la projection d’extraits de films de Fritz Lang, de Ridley Scott, de David Cronenberg, et de l'auteur lui-même. Toute une épopée.
Le voyage à Nantes ? une traversée de la ville par l’art. «Le tourisme de masse peut tuer la personnalité d’une ville. C’est le cas à Barcelone, Venise ou Prague. Ce n’est évidemment pas le cas à Nantes où l’offre touristique que nous proposons n’est pas seulement patrimoniale» explique Jean Blaise, directeur de cette manifestation artistique qui fait dialoguer chaque été, monuments, œuvres pérennes ou éphémères. Le parcours multiplie les étapes et offre des points de vue inédits sur la ville et l’estuaire. Cette année, on rêvera avec l’installation onirique de Stéphane Thidet qui imagine Rideau, une immense chute d’eau recouvrant la façade du Théâtre Graslin. On sourira du pied de nez à Marcel Duchamp avec La Fontaine de Elsa Sahal, colossale sculpture de trois mètres trônant dans les bassins de la Place Royale. On s’imaginera dans un conte de fée avec le lit à baldaquin Pas encore mon histoire de Vincent Olinet flottant sur les eaux de l’Erdre. On s’émerveillera du sapin géant d’Evor qui culminera sur le boulevard de la Prairie au Duc. On regardera le film-songe, odyssée poétique sur la ville Nantes, ici Nantes du duo Mrzyk et Moriceau. Une œuvre qui sera installée dans la future gare signée de l’architecte Rudy Ruciotti. Le voyage continue…
Une installation du Festival International des Jardins, à Chaumont-sur-Loire
Eric Sander
On rêverait d’accoster au château en gabarre, cette barque plate qui navigue sur la Loire. Le domaine de Chaumont-sur-Loire est un pur enchantement. Chaque année, la Saison d’art offre un parcours renouvelé dans le château et le parc de trente-deux hectares. Pour l’édition 2020, une quinzaine de nouveaux artistes apportent grâce, subtilité et fragilité à cette utopie verte. L’installation de Joël Andrianomearisoa suscite une méditation sur le jour et la nuit, les sculptures de Guiseppe Penone font respirer l’ombre, les toiles de Philippe Cognée évoquent le mystère des forêts et ainsi de suite avec les herbiers fantastiques de Marinette Cueco, les plumes oriniques de Isa Barbier et les cristaux délicats de Léa Barbazanges. Le Festival des Jardins, qui existe depuis 1992, complète ce rêve. Cette année, pour sa 29 ème édition, il a pour titre Jardin de la terre, Retour à la terre mère . Un thème qui résonne fortement avec l’actualité. Une trentaine de parrains, philosophes, écrivains, jardiniers… dont Charles Berling, Françoise Nyssen, Edgar Morin, Coline Serreau, Gilles Clément appellent à protéger la fragile beauté de monde. Écoutons-les !
Le Requiem de Mozart dirigé par Philip Walsh en l'église du Palais, à Belle-île-en-mer. (Le Palais, 2018.)
Lauren Pasche Haskaya
Saluons le Festival International de Belle-Île, Lyrique en mer, qui maintient une saison de concerts d’été en cette période de fragilité des arts. En avant-première, deux soirées sont dédiées au compositeur de chansons Reynaldo Hahn, un coutumier de l’île, souvent invité par Sarah Bernhardt dans son Fort des Poulains. Suivront des concerts de musique baroque en église avec des œuvres de Bach, Haendel et Pergolèse, des galas d’opéra à la Citadelle Vauban, des airs de musique de chambre intimistes dans l’esprit des soirées musicales privées appelées «Schubertiades»… L’idée étant «de rendre la musique plus intense, plus belle, plus fervente que jamais» comme le disait Léonard Bernstein.
Circulation(s) est le festival de la photographie émergente en Europe. Au Centquatre-Paris, et dans d’autres lieux hors les murs en France et à l’étranger, il met en lumière chaque année la vitalité de la création contemporaine et défend la pluralité des écritures photographiques à travers des expositions. Révélateur de tendances, laboratoire prospectif depuis sa création en 2011, Circulation(s) a exposé plus de 400 artistes et rassemblé plus de 300 000 visiteurs. Pour sa 11ème édition (du 6 mars au 2 mai 2021 au Centquatre) le festival fait un appel à candidatures (deadline le 13 septembre à minuit). Peuvent participer les jeunes photographes européens ou résidant en Europe. Un jury sélectionnera une vingtaine d’artistes, panorama de la nouvelle génération de photographes, qui seront exposés au sein de Circulation(s). A vos appareils photos.
Morning Cartoons, de Marcella Barcelo, est présenté pour la Bourse Emerige.
Marcella Barcelo
L'exposition collective à la Villa Emerige ouvre ses portes le 16 octobre. L'occasion de découvrir les onze artistes sélectionnés pour la Bourse Révélations Emerige 2020.
Comme un signe du temps, la sélection de la septième Bourse Révélations Emerige illustre son âge de raison avec une forte tonalité picturale. «Après le thème de l’an dernier - L’Effet falaise et son basculement radical, voici cette fois le titre d’Un monde à votre image, raconte Gaël Charbau, commissaire attitré de ce tremplin de la jeune scène contemporaine. Les artistes nous renvoient à leur propre univers, avec des pratiques qui marquent le retour à la matière peinte. L’exposition sera très colorée, éclatante… Elle reflète aussi le regard du nouveau galeriste qui nous accompagne cette année, Olivier Antoine, fondateur et directeur d’Art : Concept. On y sentira le plaisir de l’observation et du travail d’atelier.»
Onze sélectionnés, dont le ou la lauréate qui bénéficiera d’un accompagnement professionnel, d’un atelier et d’une bourse de 15.000 € pour produire sa première exposition personnelle. Rampe de lancement des jeunes talents contemporains, l’exposition collective de la Villa Emerige montrera des œuvres d’inspiration japonaise - les peintures de Marcella Barceló ou les tapisseries de l’étonnante Charlotte Vitaioli à la pratique protéiforme.
Les bas-reliefs inquiétants de Loucia Carlier, les images du réalisateur Ismaël Joffroy Chandoutis, la flore surnaturelle de Clémence Mauger, la fragmentation de l’espace de Rob Miles, la magie de l’ordinaire chez Raphaël-Bachir Osman, le délitement du monde contemporain sur les toiles de Ludovic Salmon. Sans oublier les autoportraits symboliques d’Elene Shatberashvili, le jeu des objets de Zohreh Zavareh et l’exploration du geste de Giuliana Zefferi.
Cette année, c’est nouveau, l’exposition voyage à l’Hôtel des arts de Toulon (du 5 décembre au 21 février 2021) et l’un des artistes bénéficiera d’une résidence à la Villa Noailles, à Hyères.
Le Musée Guimet accueille les oeuvres de Remen Chopra W. Van der Vaart durant Asia Now 2020.
The Gujral Foundation
Les portes de l’art contemporain asiatique s’ouvriront du 21 au 24 octobre à Paris, avenue Hoche. Pour sa sixième édition, Asia Now fait la part belle aux artistes indiens.
Profitons-en : les portes de l’Asie s’ouvriront dans quelques jours (21 octobre) à Paris, avenue Hoche. Pour sa sixième édition, Asia Now, manifestation culturelle dédiée à l’Asie pilotée par la fougueuse Alexandra Fain s’est non seulement maintenue mais a considérablement amplifiée son rayonnement. Non seulement la foire couvre pour la première fois l’Asie du Sud Est - avec notamment une plateforme sur la scène contemporaine de Taipei –, mais elle s’aventure en Inde avec une sélection d’une grande ébullition.
L'Inde à l'honneur chez Emmanuel Perrotin et chez Nathalie Obadia
La galerie Nathalie Obadia présente l'Indienne Rina Banerjee pour Asia Now 2020.
galerie Nathalie Obadia
D’ailleurs, les grandes galeries parisiennes ne s’y sont pas trompées puisque, faute de Fiac, elles y montreront leurs artistes asiatiques et indiens. L'artiste indienne Rina Banerjee est présentée chez Nathalie Obadia. Bharti Kher, l'épouse du plasticien Subodh Gupta, star de l’art contemporain en Inde, expose chez Emmanuel Perrotin.
Le Coréen Kim Tschang Yeul a été choisi par Almine Rech, tandis que l’Indien de Bombay, Jitish Kallat, est accueilli chez Daniel Templon.
Waterdrops, huile sur toile (1985) par le peintre coréen Kim Tschang-Yeul, présenté par la Galerie Almine Rech lors d'Asia Now 2020.
Une broderie à la main de l'artiste indonésien Eko Nugroho, présenté par la Galerie Magda Danysz.
Galerie Magda Danysz
Autant d’artistes incontournables, historiques et contemporains de ce continent, entourés de pépites émergentes à découvrir comme les vidéos du programme Natura Naturata, projetées en boucle dans l’auditorium du musée Cernuschi. Ou encore : Drawing Room, le premier solo show européen de Zhang Yunyao, originaire de Shanghaï, curaté par Hervé Mikaeloff. Une visite s'impose pour découvrir galería Albarrán Bourdais les œuvres du coréen Koo Jeong A, idem galerie Magda Danysz pour celles d’Eko Nugroho, sans oublier le design épuré du côté de Laffanour Galerie Downtown. Le programme ébouriffant d’un millésime hors pair.
Asia Now, jusqu’au 24 octobre. 9, avenue Hoche, à Paris.
C’est l’événement pop de cette fin d’année. L’artiste japonaise Yayoi Kusama signe une création exclusive pour La Grande Dame 2012, le nouveau millésime Veuve Clicquot. La bouteille de champagne et le coffret de cette cuvée d’exception se parent des symboles iconiques de la plasticienne. Une collaboration à l’image de ces deux femmes visionnaires, indépendantes et avant-gardistes, qui partagent de nombreux « points » communs.
Une nouvelle collaboration créative pour Veuve Clicquot
Depuis toujours Veuve Clicquot entretient des liens étroits avec les meilleurs talents à travers le monde. Chaque collaboration est l’occasion d’apporter à la Maison une autre dimension.
Pour sa nouvelle cuvée de prestige, Veuve Clicquot a fait appel à l’emblématique Yayoi Kusama. Leur complicité s’est nouée lors d’une vente aux enchères caritative à Tokyo en 2006. L’artiste japonaise avait créé la surprise en présentant le portrait de Madame Clicquot parsemé de ses pois signature. Une œuvre assurément audacieuse, faisant écho à l’esprit singulier d’une maison de champagne décidément pas comme les autres. Aujourd’hui, la plasticienne et la maison champenoise vont plus loin, poursuivant leur dialogue créatif à travers une nouvelle collaboration exclusive à découvrir dès maintenant.
Madame Clicquot et Yayoi Kusama, deux figures avant-gardistes
Deux femmes, deux époques, deux cultures, a priori tout oppose la veuve champenoise du XIXe siècle et l’artiste contemporaine tokyoïte. Et pourtant, leurs parcours hors normes et leur personnalités déterminées révèlent de nombreuses similitudes.
Éprises d’une liberté sans bornes, ambitieuses et animées par un fort besoin d’indépendance, toutes deux s’affranchissent du carcan imposé par leur naissance privilégiée, n’hésitant pas à rompre avec les codes de l’époque, pour parvenir à se distinguer dans des domaines jusqu’ici largement dominés par les hommes.
Madame Clicquot a 27 ans lorsque son mari décède. Contre l’avis de son beau-père, elle reprend les rênes de l’entreprise familiale, devenant ainsi la première femme à diriger une maison de champagne. Entrepreneure avant l’heure, elle fait preuve d’un extraordinaire sens des affaires et place l’innovation au cœur de sa stratégie. Le premier millésime de champagne en 1810 connu, c’est elle. Le premier rosé d’assemblage en 1818, c’est encore elle. Jusqu’au design de la bouteille Maubeuge, son influence reste à ce jour déterminante.
Pour Yayoi Kusama, dont les parents s’opposent à ce qu’elle poursuive une carrière dans l’art, l’émancipation passe par son départ du Japon pour les États-Unis. Si les débuts sont difficiles, son exceptionnelle capacité de travail et sa persévérance s’avèrent payantes. Dans les années 1960, elle devient l’une des rares artistes féminines à vivre de ses œuvres. Yayoi Kusama est aussi à l’origine de l’art-thérapie. Devenus cultes, ses fameux pois sont pour elle un remède aux hallucinations dont elle souffre depuis l’enfance.
Par leur vision novatrice, leur liberté d’esprit et leur créativité, la grande dame de la Champagne et l’artiste japonaise ont marqué leur époque et bien au-delà.
À cette occasion, l’artiste nipponne invite deux motifs cultes de son œuvre, les pois et la fleur, sur le flacon et le coffret qui l’accompagne. Les pois jaunes, de différentes tailles, jaillissent avec énergie sur l’étiquette de la bouteille, comme un malicieux clin d’œil à l’effervescence des bulles de champagne. La fleur, symbole de la nature chère aux deux femmes, apparaît dans des couleurs pétillantes sur le nouvel étui dédié à la cuvée d’exception.
Ultime facétie de la plasticienne, la collaboration se complète d’une création sculpturale qui matérialise avec poésie la rencontre de leurs deux univers. On peut y voir les fleurs de Kusama, qui peuplent l’imaginaire de Yayoi Kusama depuis le début de sa carrière, se déployer et s’enrouler autour de La Grande Dame en magnum. Baptisée « My Heart That Blooms in the Darkness of the Night », cette création exceptionnelle est éditée en cent exemplaires numérotés.
Yayoi Kusama sublime La Grande Dame
Yayoi Kusama sublime La Grande Dame
Yayoi Kusama x Veuve Clicquot
Yayoi Kusama x Veuve Clicquot Yayoi Kusama sublime La Grande Dame
Yayoi Kusama x Veuve Clicquot
Yayoi Kusama x Veuve Clicquot Yayoi Kusama sublime La Grande Dame
Yayoi Kusama x Veuve Clicquot
Yayoi Kusama x Veuve Clicquot Yayoi Kusama sublime La Grande Dame
Quand il est question d’exigence, une fois encore, les deux femmes se rejoignent. « Une seule qualité, la toute première. » Devenue la devise de la maison d’exception, cette célèbre phrase de Madame Clicquot résume à elle seule sa quête affirmée de l’excellence. Se distinguer par le meilleur, et ce, à tous les niveaux, tel est le credo de cette femme visionnaire, qui attache autant d’importance à la perfection de son champagne qu’à son image. Bouteille, flacon, étiquette, rien ne lui échappe. À sa manière, Yayoi Kusama partage ce besoin permanent de se dépasser et ce sens aigu du détail, en témoignent son œuvre majeure et sa carrière prolifique.
Le millésime La Grande Dame 2012 est le fruit d’un remarquable travail d’assemblage à la gloire du pinot noir à hauteur de 90 %, cépage dont Madame Clicquot avait déjà décelé tout le potentiel, auxquels s’ajoutent 10 % de chardonnay. Résultat, une composition aussi complexe qu’harmonieuse, révélant puissance et délicatesse, qui devrait encore largement se magnifier avec le temps.
Les 26 oeuvres "Togeth'Her - Madame Figaro" sont présentées dans un supplément à Madame Figaro, à paraître le 6 novembre en kiosques.
Pour fêter nos 40 ans avec panache, 26 artistes ont réalisé des projets de couverture, inspirés par une femme célèbre dont nous avons fait le portrait dans nos pages. Florilège de ces Artistes à la une, Togeth’Her 2020. L'une d'elle est à gagner : montrez nous vos talents d'artiste !
Vingt-six muses pour nos quarante ans. Et autant d’artistes à l’œuvre. Ce magnifique cadeau réunit à la Monnaie de Paris une exposition inédite, réalisée malgré les aléas de la pandémie. Le pitch était simple : chaque artiste consacre une «Une» imaginaire à une icône qui l’inspire, et une cause à laquelle sera reversée la vente - aux enchères online - des œuvres. La réalisation en cette période fut parfois acrobatique – ateliers inatteignables, œuvres bloquées… – et, malgré tout, le résultat est époustouflant, porté, inspiré, entre l’esprit des uns et le cœur des autres. En voici cinq en avant-première.
Têtes d'affiche
Salma Hayek
Pourquoi elle ? «Choisir Salma Hayek, comédienne mexicaine au teint ambré et aux yeux noirs, pour représenter cette jeune fille à la perle au teint pâle était pour moi une nouvelle gageure.»
Aux Beaux-Arts de Bordeaux, déjà, Olivier Masmonteil peignait les cieux comme le faisait Rubens. Il intitule cette première partie de sa vie «La possibilité de peindre». Dans la deuxième, «Le plaisir de peindre», il s’accorde le droit de brosser tous les sujets, paysages, scènes de genre, portraits. Celui de La Jeune Fille à la perle, de Vermeer, le fascine. C’est pour lui la quintessence du chef-d’œuvre, pour son intemporalité. Il ne cesse de la peindre pour tenter de percer le mystère de son regard.
La cause : La Maison des femmes de Saint-Denis.
Olivier MasmonteilStella McCartney
Pourquoi elle ? : «Nous partageons les mêmes valeurs. Nous aimons la tradition, l’artisanat et œuvrons toutes les deux pour la préservation de l’environnement.»
Joana Vasconcelos, créatrice portugaise née en 1971, manie avec brio l’art de la provocation. Ses rutilants escarpins Marilyn, qui brillaient de mille feux dans la Galerie des glaces du château de Versailles en 2012, n’étaient qu’un subtil empilement de casseroles et de couvercles en inox ! Son processus de création repose ainsi sur le détournement d’objets du quotidien pour offrir une vision critique de la société, et tout particulièrement de la place qui y est donnée aux femmes. Elle expose son travail dans le monde entier.
La cause : Refúgio Aboim Ascensão.
Joanna Vasconcelos Eun Sun Kim
La proposition de Lee Bae, pour "Togeth'Her - Madame Figaro".
Lee BaeFanta Diakité
La proposition de Prune Noury pour "Togeth'Her - Madame Figaro".
Les plus grands artistes internationaux ont joué le jeu et, en dépit d’une actualité souvent débordante, ils ont tenu les délais. Adel Abdessemed a choisi l’actrice Golshifteh Farahani pour son courage, sa grâce et sa résilience. Prune Nourry a mis en scène une jeune aveugle, dont les mains dialoguent autour de son visage. Olivier Masmonteil a transformé Salma Hayek– madame François-Henri Pinaultà la ville – en Jeune Fille à la perle, le chef-d’œuvre de Vermeer. Sa vente comblera la Maison des femmes de Saint-Denis. Même cause choisie par Eva Jospin, qui a réalisé une étonnante Svetlana Alexievitch, l’écrivain Prix Nobel de littérature 2015. Jean-Michel Othoniel a, lui, sublimé la princesse Charlène de Monaco. Joana Vasconcelos a conçu une éclatante œuvre en tissus dédiée à son amie Stella McCartney, pionnière d’une mode vertueuse, tandis que Jules de Balincourt s’est inspiré de Kamala Harris, la candidate démocrate à la vice-présidence des États-Unis. «Et Claude Lévêque a dessiné Catherine Deneuve, avec les pastels de sa mère qu’il a retrouvés pendant le confinement», raconte David-Hervé Boutin, le concepteur, curateur et producteur de l’événement qui célèbre ce panel de femmes exceptionnelles.
Des icônes, pas des divas. À la Monnaie de Paris, une scénographie comme un écrin noir les accueillera toutes. Des lignes de forces surgiront entre elles. On ne le répétera jamais assez : la beauté sauvera le monde.
Artistes à la Une, Togeth’HER 2020 (événement suspendu le temps du confinement...
Restez en sécurité à la maison ! Nous vous tiendrons informés de la reprise) Exposition à la Monnaie de Paris
Vente aux enchères sur le site d’Artcurial : le catalogue de l’exposition reprenant tous les portraits sera disponible avec Madame Figaro, dans tous les kiosques franciliens le 6 novembre.
Initialement publié le 22 octobre, cet article a fait l'objet d'une mise à jour.
2020, 2019 (détail). Bois, polystyrène, céramique. 120 x 90 cm.
Rebecca Fanuele
La jeune artiste vient de remporter la 7ème Bourse Révélations Emerige, jeudi 22 octobre. Zoom sur un talent à suivre.
On peut avoir le Covid et recevoir un joli prix arty en direct, via son iPad. C’est ce qui vient d’arriver à Loucia Carlier, 27 ans, lauréate 2020 de la 7ème Bourse Révélations Emerige. «Sa pratique est à maturité pour bénéficier au mieux de la Bourse, elle est à ce moment charnière que nous cherchons à encourager, explique Gael Charbau, commissaire de l’exposition des onze artistes de moins de 35 ans sélectionnés cette année et membre du comité de sélection.
Son travail à entrées multiples propose différentes échelles de lecture où Loucia confronte images et croyances populaires (carnaval, météorites, objets du quotidien…), avec une certaine poésie.»
Loucia Carlier, lauréate de la Bourse Révélations Emerige 2020.
Loucia Carlier
La bourse lui offre un atelier et un accompagnement professionnel d’un an, ainsi qu’une bourse de 15.000 euros pour produire sa première exposition personnelle à la galerie Art : Concept en 2021. «Je n’aurais pas misé sur moi…», conclut étonnamment la lauréate.
Ses matériaux ? Bois, céramique, résine... et mots
Untitled (the tables are turned), 2020. Matériaux divers, bois, plexiglas, céramique, plâtre.
Vue de l’exposition Un monde à votre image, Bourse Révélations Emerige 2020, commissariat Gaël Charbau, Villa Emerige.
Rebecca Fanuele
Confinée à Cahors, à peine rentrée de Suisse, la Parisienne d’origine qui rêve d’ailleurs a investi l’atelier de menuiserie de son grand-père où elle a préparé son «moulin», une créature totem remplie d’univers imaginaires. Formée au fort terreau de l’ECAL (École Cantonale d’Art de Lausanne) - Bachelor et Master en arts visuels puis assistante pendant deux ans -, sa vision articule conceptuel et plastique. Elle utilise une profusion de matériaux, plâtre, résine, bois, skaï, céramique, sérigraphie, gaufrage et… les mots.
Untitled (the tables are turned), 2020. Matériaux divers, bois, plexiglas, céramique, plâtre.
Vue de l’exposition Un monde à votre image, Bourse Révélations Emerige 2020, commissariat Gaël Charbau, Villa Emerige.
Rebecca Fanuele
Cofondatrice et rédactrice de la revue annuelle Klima, qui mêle recherche universitaire et création contemporaine, Loucia en fait aussi la vertèbre de son travail plastique – exposition, workshop… Depuis 2018, Klima a traité de science-fiction, d’écologie... Le tout dernier juste paru se consacre au spiritisme et aux sorcières. Klima 2021 parlera de jeux vidéo et sera (encore) plus expérimental. Tout commence.
Les designers Michael Amzalag et Mathias Augustyniak à la l'évènement Lacoste x MM Paris à la Galerie Nikki Diana Marquardt. (Paris, le 24 octobre 2017).
Stephane Cardinale - Corbis / Getty Images
Graphistes, créatifs, designers ? Michaël Amzalag et Mathias Augustyniak échappent aux définitions. Leur duo, M/M (Paris), fait l’objet d’une monographie foisonnante, à l’image de leur œuvre hors norme.
Paris, début octobre. La Fashion Week bat son plein autant qu’elle le peut en pleine pandémie. Michaël Amzalag et Mathias Augustyniak font de la place dans leur emploi du temps sursaturé pour inaugurer leur double exposition parisienne. Comme lors d’un jeu de ping-pong, leurs explications se répondent : quand l’un parle, l’autre montre des images sur sa tablette. Il faut au moins cela pour tenter d’appréhender dans sa globalité le monde visuel fascinant qu’ils ont créé. «Une production de signes», disent-ils, qui leur permet d’intervenir dans tous les domaines - design, mode, édition, art… - et d’établir des collaborations avec des artistes contemporains - François Curlet, Philippe Parreno, Pierre Huyghe, Sarah Morris… -, des musiciens - Björk, Benjamin Biolay, Étienne Daho, Kanye West, Madonna ou Vanessa Paradis -, et des créateurs ou des marques de mode - Loewe, Louis Vuitton, Nicolas Ghesquière… Difficile, avec eux, d’échapper aux listes. Le livre de Thames & Hudson, deuxième volume monographique, aussi éclectique et original que leur univers, est autant un livre d’artiste qu’une somme retraçant leur parcours, avec des interventions qui en donnent la dimension, du curator Hans Ulrich Obrist à Miuccia Prada, en passant par le chef Jean-François Piège ou l’artiste Francesco Vezzoli.
En vidéo, le défilé Loewe printemps-été 2021
Aux origines
Michaël Amzalag, né en 1968, et Mathias Augustyniak, né en 1967, se sont rencontrés à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs. Très vite, ils créent M/M (Paris) : «Depuis le début, nous faisons en sorte de ne jamais vraiment définir notre terrain de prédilection. Nous nous sommes ancrés dans le champ du graphisme et de la communication, mais c’était une position stratégique. Nous avions 24, 25 ans, nous étions au début de la révolution informatique, et nous voulions créer un outil de production qui permette de diffuser des signes, des images, des idées à travers tous les réseaux de communication qui existaient à l’époque», raconte Mathias Augustyniak. «Dans le monde réel, économiquement viable, sans rien s’interdire. C’était très intuitif», renchérit Michaël Amzalag.
La suite ressemble un peu à la comptine enfantine «marabout, bout de ficelle…» : ils dessinent des pochettes de disques, travaillent pour la revue Documents sur l’art, avec Nicolas Bourriaud et Éric Troncy, rencontrent un metteur en scène, Éric Vigner, du Théâtre de Lorient, pour qui ils créent des affiches pendant vingt ans. En parallèle, on leur présente Yohji Yamamoto, pour qui ils collaborent avec, entre autres, les photographes Inez & Vinoodh. Leurs images, vite cultes, les amènent à Björk. En 2005, ils mettent en scène l’exposition de la collection de Dakis Joannou au Palais de Tokyo, etc., etc., etc.
Une pensée pour deux
Pour les dernières Fashion Weeks, ils ont créé pour Loewe, au printemps un Show-in-a-Box sur le mode de La Boîte-en-valise, de Duchamp, et cet automne un Show-on-a-Wallà partir d’un carton à dessin : des sortes de malles contenant tous les éléments du défilé, des silhouettes à la musique, pour que ceux qui ne peuvent pas se déplacer le reconstituent chez eux… Leurs créations ont en commun une pensée. «Une boîte à outils dans laquelle il y a de la typographie, de la photographie, du dessin, du texte, un rapport des images avec ce qu’elles représentent, une idée de la responsabilité politique des signes qu’on émet. Tout cela peut devenir une photo de mode, un objet ou une exposition», indique Michaël Amzalag. «Il y a un fond documentaire. Nous essayons de comprendre qui est en face de nous, sans solution a priori. Ce serait comme de faire un portrait de quelqu’un, que ce soit celui d’un groupe, d’une personnalité ou d’une institution. Nous produisons des images qui permettent aux gens d’exister dans un monde médiatique», précise Mathias Augustyniak.
Trois expositions donnent à voir tout cela. À Shanghai, ils ont installé leurs productions, rééditées à grande échelle sur place. À Paris, au Musée des Arts décoratifs, d’un côté leur livre devient matière à exposition avec des pages accrochées sur des cimaises portatives qu’ils ont créées, de l’autre, dans un petit salon boudoir très «grand siècle», ils ont reconstitué leur espace de travail. Au Musée d’Orsay, dans les salles d’art décoratif, leurs grands posters baroques sous forme d’abécédaires donnent la mesure de leur puissance graphique. On attend les réouvertures parisiennes avec impatience…
Le livre : M to M of M/M (Paris), volume II, Éd. Thames & Hudson, 456 p., 850 illustrations. Ouvrage en anglais.
L'artiste franco-américaine Sarah Sze expose à la Fondation Cartier du 15 décembre au 7 mars.
Deborah Feingold
Vingt ans après sa première exposition à la Fondation Cartier, à Paris, l’artiste américaine y revient en créant pour le lieu deux merveilleuses sculptures-installations.
Inédites, complexes, troublantes et oniriques, les sculptures-installations de Sarah Sze jouent avec la transparence de l’édifice. Inspirées l’une et l’autre par deux instruments scientifiques, le planétarium et le pendule, elles composent un paysage mouvant, immersif, en agrégeant une multitude de vidéos, d’images - glanées sur Internet ou filmées par l’artiste - d’objets, de lumières, de sons… Elle nous en parle.
Madame Figaro. - Que tentez-vous de transmettre ? Sarah Sze . - La fragilité de la vie, une réflexion sur le temps et la mémoire, une présence physique qui joue avec les échelles et interroge la façon dont nous nous mesurons à la nature. Une œuvre est réussie si elle reste auprès de vous après l’avoir vue. J’essaie qu’une foule d’objets inanimés aient l’air vivants et créent un écosystème évolutif, qui rappelle combien la vie est précieuse. J’aime cette idée d’estomper une pièce dans le monde pour qu’il vous suive dans l’œuvre, que vous y reconnaissiez des choses intimes, et qu’ensuite cette œuvre vous permette de poser sur le monde un regard neuf.
Twice Twilight (2020), une œuvre présentée dans le cadre De nuit en jour, l’exposition que la Fondation Cartier consacre à Sarah Sze.
Qu’entendez-vous par le monde ?
La vie quotidienne. Rien n’est anodin pour moi, un verre d’eau peut être spectaculaire. On a tous une forme de fadeur des sens. J’essaie de monter le volume, d’augmenter nos capacités perceptives, comme quand on voyage et que nos sens sont en éveil, pour donner à voir ce qui nous entoure. Je ne veux pas mettre mon travail sur un piédestal mais qu’il pousse à se poser des questions, se perdre, faire des découvertes, prendre des décisions sur ce qui est important ou pas, comme dans la nature.
Comment interagissez-vous avec l’extérieur?
Le son que j’ai introduit dehors (et qui semble sortir des arbres eux-mêmes, NDLR) est une façon de répandre l’exposition dans la rue, insidieusement. La projection d’images animées sur les murs de verre de la Fondation à l’intérieur se voit à l’extérieur, brouille les frontières entre les deux, entre la nuit et le jour, et crée, le soir, un moment très théâtral.
Sarah Sze. De nuit en jour, du 15 décembre au 7 mars, à la Fondation Cartier, à Paris. fondationcartier.com
L'artiste Volker Hermes ajoute des masques aux portraits de grands maîtres.
Instagram @volker.hermes
Sur Instagram, l'artiste allemand Volker Hermes réinterprète les peintures de grands maîtres dans une version très 2020. Son crédo ? Ajouter aux portraits un masque de protection dans le but d'attirer l'attention sur les vêtements.
L'année 2020 aura été source d'inspiration pour Volker Hermes. Son compte Instagram qui comptabilise à ce jour plus de 27000 followers tient son succès à la réinterprétation de portraits historiques. À l’aide d’un logiciel de montage, le plasticien s'amuse depuis plus de dix ans à cacher les visages peints en bandant les yeux. Ces portraits anciens sont tirés de sa série «Hidden Portraits», et ont déjà fait l'objet d'une exposition en Italie.
En pleine pandémie, le travail de l'artiste allemand a pris un nouveau tournant, les yeux bandés de ses personnages ont été remplacés par des masques bucoliques et un brin loufoques. «Je cache l'individualité derrière les magnifiques surfaces et tente d'incorporer un discours contemporain sur les codes du vêtement et de la société dans les peintures historiques», écrit-il sous chacune de ses publications.
Les portraits masqués de Volker Hermes
Les portraits masqués de Volker Hermes
Hidden Navez, Photocollage 2020, par Volker Hermes.
Instagram @volker.hermesLes portraits masqués de Volker Hermes
Hidden Gheeraerts, Photocollage 2020, par Volker Hermes.
Instagram @volker.hermesLes portraits masqués de Volker Hermes
Hidden van der Helst III, Photocollage 2020, par Volker Hermes.
Instagram @volker.hermesLes portraits masqués de Volker Hermes
Hidden Perronneau, Photocollage 2020, par Volker Hermes.
Pour Volker Hermes, le portrait pictural captive l’attention sur les émotions que l’on peut lire sur le visage des personnes peintes. Et en découlent diverses interprétations. L’idée de l’artiste est ici de couvrir dès le départ les visages de ces portraits historiques, pour attirer l’attention du spectateur sur d’autres détails, comme le vêtement. «La mode a toujours été essentielle dans la définition de soi à toutes les époques de l'histoire», explique-t-il au Vogue américain. «L'accent mis sur la mode est une partie essentielle de mon travail sur ces portraits de vieux maîtres». Débuté il y a dix ans, le travail de Volker Hermes semble plus que jamais dans l’ère du temps.
Prune Nourry expose L'amazone érogène au Bon Marché.
Le Bon Marché Rive Gauche
Documentaire, expositions, livres... Tous les quinze jours, Madame Figaro propose sa sélection culturelle. Voici les cinq événements à ne pas rater.
Prune Nourry, l’œuvre reconstruction
Le Bon Marché offre une carte blanche à Prune Nourry, première artiste française à investir les espaces du grand magasin après Ai Weiwei,Chiharu Shiota ou Johanna Vasconcelos…Et il fait bon aller admirer et ressentir cette installation à l’heure où les musées sont hélas fermés. L’Amazone érogène fait partie de la série Catharsis initiée par l’artiste qui découvre à 31 ans qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Elle en est la magnifique métaphore puisqu’elle représente un arc, une cible en forme de sein, et une volée de flèches, symbole de mort et de vie, les deux s’interpénétrant. Le tout dans un vocabulaire minimal dans la lignée de Sol LeWitt ou de Donald Judd. À l’issue de l’exposition les 888 flèches en bois seront vendues pour financer le livre de Prune Aux amazones distribué gratuitement aux femmes atteintes de cancer. Une chaine de l’espoir.
L'exposition Après, de Christian Boltanski, au Centre Pompidou.
Christian Boltanski
Il y a un an Christian Boltanski investissait le Centre Pompidou avecFaire son temps, espèce d’installation géante, qui à travers des théâtres d’ombre, des photos-souvenir, des Animatas (autels religieux chiliens édifiés au bord des routes à l’endroit des accidents) prenait la forme d’une méditation sur l’Histoire et le cycle humain. Commentaire de l’artiste : «Nous sommes entourés de disparus qui restent gravés dans notre mémoire et dont la présence me hante.» Aujourd’hui, un an plus tard, Après est présenté à la façon d’un dytique, à la Galerie Marian Goodman. Œuvre totale, cette exposition comprend des œuvres initiées pendant le confinement comme les sculptures Les Linges (tissus blancs sur des chariots), les projections Les Esprits avec des visages d’enfants qui s’effacent ou l’installation vidéo Les Disparus. Où l’on parle de mémoire, absence, mort, deuil…
Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir, diffusé mardi 26 janvier 2020 sur France 5 à 20h50.
Boucq Charlie Hebdo
Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir. Ainsi s’intitule le film de Hugues Nancy, qui à partir des attentats de janvier 2015, du procès au Palais de justice de Paris (2 septembre-16 décembre 2020) des complices présumés des frères Kouachi et en immersion dans la rédaction actuelle située un local protégé retracent l’histoire de Charlie Hebdo. 1992, 2015, 2020, trois dates et trois moments clés pour raconter cette aventure éditoriale et humaine, le combat d’un journal qui tente par tous les moyens de préserver la liberté d’expression en France. On se souvient de Cabu, Charb,Tignous, Wolinski et des autres sauvagement assassinés, on écoute les nouveaux dessinateurs comme Alice ou Juin qui prouvent que le journal est… toujours vivant.
Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir, diffusé mardi 26 janvier 2020 sur France 5 à 20h50
Marina A, un livre oracle
Marina A, d'Eric Fottorino, Editions Gallimard.
Editions Gallimard
Marina A . Sous ce titre à la Duras se cache la performeuse Marina Abramovic. Ce n’est pas à proprement un portrait auquel se livre Eric Fottorino mais une réflexion sur l’art, sa nécessité, sa clairvoyance et même sa prescience. Noël 2018 : le narrateur Paul Gachet, chirurgien-orthopédiste, emmène sa famille à la découverte des Botticelli à Florence. Le voilà happé par les affiches d’une exposition de l’artiste serbe au Palazzo Strozzi. Cette découverte le bouleverse. Il se passionne, lui médecin, pour le travail de cette femme qui malmène son corps afin de provoquer une humanité sourde et muette. Deux ans plus tard, il tombe sur une photo de Marina et Ulay, son amoureux de l’époque, intitulée L’Impossible Rapprochement (1983) où ces deux êtres ne peuvent se toucher et doivent rester à distance. En pleine pandémie planétaire, l’image résonne sacrément. Le soignant comprend que l’artiste est une lanceuse d’alerte et que son activisme est une forme du Take care.
Première Neige, de Jérémie Villet, Editions Chêne.
Editions Chêne
Première neige, le merveilleux livre de photos de Jérémie Villet s’achève sur un discret épilogue en forme d’avertissement au lecteur-spectateur ébloui par tant de beauté : «Tous les animaux présents dans ce livre sont libres et sauvages. Les photographies n’ont pas été modifiées et aucun élément n’a été rajouté ni retiré. Elles sont la récompense de plusieurs hivers passés en solitaire dans un univers blanc, un monde où l’imaginaire devient réel l’instant d’une photographie» Tout est dit ! À vous de découvrir ces traces, ces empreintes, ces rencontres… ici un renard, là un loup, ailleurs un caribou ou une hermine comme autant d’apparitions dans ce monochrome blanc. Photographe, Jérémie Villet est aussi peintre !
Emily Ratajkowski lors de la soirée post-Oscars 2020 du magazine Vanity Fair. (Beverly Hills, le 9 février 2020.)
AFF/ABACA
Mannequins, artistes, gourous de la tech : tous sont conquis par les NFT, une innovation technologique permettant de vendre une œuvre d'art virtuelle, certifiée unique. Une nouvelle tendance cryptique, très rentable et branchée.
C'est la nouvelle tendance à adopter, l’objet à posséder, du moins en version numérique: partout, les célébrités se mettent au NFT. Un acronyme aussi mystérieux que le concept qu’il désigne : une œuvre digitale que l'on peut acquérir et posséder, comme un tableau ou sculpture, mais qui ne pourrait s'admirer que par écran interposé.
NFT signifie «Non Fungible Token», «jeton non fongible», en français. Un objet virtuel, rendu unique grâce à la technologie blockchain, une sorte de signature informatique qui lui confère une identité propre, en certifie l'authenticité, et la rend impossible à copier.
En vidéo, à 10 mois, le fils d'Elon Musk joue déjà du synthétiseur
L'art et la tech
Si les NFT ont commencé à s’échanger dans les milieux du jeu vidéo et du sport (comme, par exemple, des terrains dans un monde virtuel, ou la carte, façon album Panini, d’un footballeur star), c’est dans le monde de l’art qu’ils brassent le plus d’argent. Sculpteurs, photographes ou plasticiens se sont ainsi mis aux NFT. Jeudi 12 mars, une œuvre numérique de l’artiste américain Beeple, Everydays: the First 5000 Days, s'est vendue aux enchères à 69,3 millions de dollars chez Christie’s.
Ce sont les géants de la tech qui ont ensuite porté les NFT sur un terrain plus mainstream. Le 6 mars, le fondateur de Twitter, Jack Dorsey, mettait en vente son tout premier tweet (dont le passionnant contenu se résume à «je suis en train créer mon compte»), posté il y a quinze ans.
Le 23 mars, le tweet était acquis pour la modique somme de 2,9 milllions de dollars (environ 2,4 millions d'euros, reversés à une œuvre de charité) par le président d’une compagnie de blockchain qui se réjouissait d’avoir en possession «l’équivalent de la Joconde». Une transaction qui n'empêchera personne de continuer à consulter ce post historique : comme la Joconde, il reste visible par tous. Mais, de la même manière que celle du Louvre ne ressemble en rien à ses innombrables copies, seul le Tweet «certifié» par un NFT sera reconnu comme authentique, et monétisable uniquement par son propriétaire. A condition que ni Dorsey, ni Twitter, ne le suppriment.
Mi-mars, c’était au tour d’Elon Musk de poster sur Twitter un morceau électro de sa composition. Avant de se rétracter : malgré des offres s’élevant à 1,12 million de dollars, le milliardaire a finalement estimé que «ça ne semblait pas très correct de vendre ça». Sa compagne, la musicienne Grimes, s'est posé moins de questions : le 1er mars, dix œuvres numériques signées de sa main (virtuelle), représentant des angelots chauves flottant au dessus d’un globe terrestre ou d'un temple en ruines, s’envolaient en 20 minutes pour une somme totale de 5,8 millions de dollars (plus de 4,8 millions d'euros), levée au profit d'une ONG écologique.
Contrôler son image
Mystère, fortune et nouvelles technologies : il n’en fallait pas moins pour que d’autres célébrités s'y mettent aussi. Alors qu'il y a un an, Paris Hilton mettait aux enchères - à des fins caritatives - un remarquable dessin de son chat, Munchkin, estimé à 17.000 dollars (environ 14.000 euros) et a, depuis, créé un compte Instagram dédié à ses œuvres digitales, Lindsay Lohan vendait en mars dernier un portrait d’elle pour 50.000 dollars (environ 41.000 euros).
Kate Moss, mi-avril, a de son côté collaboré avec le collectif MITNFT (Moments in Time NFT) pour créer trois vidéos la représentant en train de se balader, de dormir et de conduire, permettant à leurs heureux propriétaires de «posséder» quelques instants de la vie du top, qu'ils pourront ensuite montrer à d'autres s'ils le veulent. Si, là encore, une partie de la somme récoltée ira à un organisme de charité, la Britannique a précisé dans un communiqué de presse que les NFT étaient pour elle «un nouveau medium artistique auquel [elle] pouvait participer directement, en contrôlant [son] image».
"Créer un précédent"
Reprendre le contrôle : c’est dans ce but qu’Emily Ratajkowski s’est, elle aussi, emparée des NFT. Cet automne, l’actrice et mannequin expliquait, dans une tribune publiée sur le site The Cut, combien son image était souvent exploitée : l’artiste américain Richard Prince venait par exemple de se servir, sans son autorisation, de l'un de ses posts sur Instagram pour l'agrandir et en faire une oeuvre de sa série New Portraits, en 2014.
Aujourd’hui, c’est une photo d’elle, posant devant le travail de Prince, qu’elle vend sous forme de NFT. Buying myself back : a model for redistribution («Me racheter : un modèle de redistribution», NDLR) sera mis aux enchères le 14 mai chez Christie’s. Une manière de se réapproprier ce qu'elle estime lui appartenir : «En utilisant le tout nouveau media des NFT, j'espère créer un précédent symbolique pour la propriété en ligne et les femmes, qui permettra à ces dernières d'avoir une autorité continue sur leur image, et de recevoir une juste compensation pour leur usage et leur distribution», a-t-elle tweeté.
Quant à Armie Hammer, il vient d'être lui de faire l'objet d'un NFT. En début d'année, l'acteur était mis au ban d’Hollywood après que des jeunes femmes l'ont accusé d'agression sexuelle, et dévoilé des messages dans lesquels il leur faisait part de ses fantasmes de viol et de cannibalisme. Parmi elles, une artiste américaine du nom de Julia Morrison : le 23 avril, cette dernière a mis en vente certains de ces messages sous forme de NFT. Interrogée par le site américain The Daily Beast, Julia Morrisson entend faire de sa démarche une manière «d’authentifier» les faits et gestes de Armie Hammer, qui les a toujours niés. Et a promis, elle aussi, d’en reverser les profits à une œuvre de charité.
La forme ronde a un sens très important pour Tadao Andō, qui fait écho au Panthéon de Rome.
Tadao Ando Architect & Associates, Niney et Marca Architectes, Agence Pierre-Antoine Catier / Patrick Tourneboeuf
Dans le quartier des Halles à Paris, l'ancienne halle au blé érigée au XVIIIe siècle ouvre ses portes le 22 mai à la collection d'art contemporain de François Pinault. Un spectaculaire choc des cultures dessiné par l'architecte Tadao Andō. Visite guidée avec Martin Bethenod, directeur général délégué.
La Bourse de commerce est le troisième musée de la Collection Pinault, après le Palazzo Grassi (2006) et la Pointe de la douane (2009), à Venise. Étape supplémentaire, accomplissement plus grand, ce projet a lieu à Paris, dans l'hypercentre bouillonnant de la capitale. Martin Bethenod, directeur général délégué du lieu, évoque ce musée dont la philosophie est d'être inséré dans le tissu urbain, social et historique.
Madame Figaro. - Comment s'inscrit ce nouveau musée dans la Collection Pinault ?
Martin Bethenod. - Son ouverture a une importance particulièrement forte pour François Pinault, parce qu'elle a lieu en France, son pays, et à Paris, sa ville, qui est la capitale mondiale et internationale des arts. Cela dit, ce nouveau lieu a un air de famille avec les lieux vénitiens. Il est à échelle humaine, et se situe au cœur d’une ville. Ce sont des bâtiments qui, par leur nouvelle destination, sont rendus à une ville, au public. Autre élément de similitude : le dialogue entre un joyau du patrimoine et le regard radical de l’architecte Tadao Andō.
Son geste est un cercle dans le cercle ?
La Bourse de commerce s'est développée au cours des siècles autour de l'idée d’un édifice circulaire. C'est au XVIIIe siècle que Nicolas Le Camus de Mézières dessine la halle au blé. C'est l'époque de l'architecture utopique. La forme ronde a un sens très important pour Tadao Andō, qui fait écho au Panthéon de Rome. Lorsqu'il est venu en Europe pour la première fois, à la fin des années 1960, il a compris la notion occidentale de l'espace architectural en visitant le Panthéon de Rome. Quand on lui a fait visiter la Bourse de commerce, il a eu un choc : il a retrouvé la même sensation mystique de cercle parfait. Très rapidement, il a envoyé un dessin où il avait dessiné un deuxième cercle parfait. Ce projet architectural est né d'un trait.
La première exposition s'intitule Ouverture. Un nom riche de sens en 2021…
François Pinault est un collectionneur passionné, et les projets de ses musées naissent de cette passion de collectionneur. Ce n'est pas une passion froide, c'est quelque chose qui fonctionne sur l'engagement, le désir, un rapport fort aux artistes. Il a choisi le titre Ouverture, qui correspond aux valeurs de la collection : ouverture à la diversité des origines, des disciplines, du genre… Ouverture à l'optimisme, à la tolérance. Cela prend un sens très fort à notre époque marquée par la fermeture de nos musées, de l'espace public, de nos visages derrière leurs masques.
Ouverture est un point de vue sur l'art, l'art ouvert aux problèmes sociaux, raciaux, identitaires de la société. Quels ont été les partis pris de cet accrochage ?
François Pinault a choisi chaque œuvre et chaque artiste. Il y a certaines règles du jeu, comme celle de privilégier les ensembles plutôt que les œuvres séparées. Montrer en cela quune collection n'est pas un échantillonnage, du zapping, mais un engagement dans la durée et en profondeur auprès des artistes. Autre principe, présenter presque exclusivement des œuvres jamais montrées au cours des différentes expositions. La collection est en mouvement et en renouvellement permanents.
Œuvres de David Hammons à la Bourse de commerce.
Service presse
On parle de trente-six artistes…
Moins de quarante… Il y a quatorze artistes femmes, comme Tatiana Trouvé, Marlene Dumas, Claire Tabouret, Cindy Sherman, Xinyi Cheng… Onze artistes sont issus de la scène française, comme Pierre Huyghe, Philippe Parreno, Michel Journiac… Dans le Passage, qui entoure la Rotonde, Bertrand Lavier a été invité à investir les vingt-quatre vitrines datant de l'Exposition universelle de Paris de 1889, proposant ainsi une déambulation entre les XIXe et XXIe siècles. Autre focus sur un artiste très important, très influent, très impliqué sur les questions raciales : l'Afro-Américain David Hammons. Ce corpus rassemble plus de trente pièces, dont le point d'orgue est l'installation inédite Minimum Security (2007).
La photo occupe une large place au sein de la Collection Pinault…
La galerie du premier étage est dédiée à la photographie, avec un choix de séries des années 1970 à 1990 liées aux questions d'identité, de genre, avec Martha Wilson, Cindy Sherman, Sherrie Levine ou Louise Lawler… En fait, pour ce premier accrochage, on ouvre les dix espaces d'exposition. Il y aura aussi des œuvres in situ dans un escalier, sur une corniche, sur la colonne Médicis. Rudolf Stingel, au deuxième étage, présente trois grandes peintures, sorte de paysage mental de l'artiste. Quant à Pierre Huyghe, il offre, au sous-sol, avec Offspring, une installation inédite, expérience sensorielle hors du temps. La programmation se veut le plus généreuse possible.
Michel et Sébastien Bras dans leur lieu parisien, la Halle aux grains.
Bernhard Winkelmann
Repoussée pour cause de confinement, l’ouverture du restaurant des chefs Michel et Sébastien Bras, situé dans la Bourse de commerce-Pinault Collection, aura lieu le 10 juin. Le père et le fils ont insufflé à ce lieu parisien l’esprit sensible et généreux qui a fait leur succès au Suquet, à Laguiole. Visite en coulisses et avant-goût du bonheur.
Les chefs Michel et Sébastien Bras, père et fils, n'étaient pas prêts à s'installer dans la capitale, malgré les nombreuses sollicitations. Pour déserter ponctuellement les cuisines du Suquet, à Laguiole (Aveyron), et travailler à Paris, il leur fallait, en effet, un lieu avec un passé en lien avec leurs valeurs. Aussi, quand François Pinault leur a proposé, il y a quatre ans, de s'installer au troisième étage de la Bourse de commerce, nouveau site de présentation de la collection Pinault, ils ont immédiatement su que c'était l'endroit qu'ils attendaient.
La céréale comme trait d’union
«Ce bâtiment a longtemps été dédié au commerce du blé, explique Sébastien Bras. Son histoire est cohérente avec la nôtre.» Car, comme le précise Michel Bras, «on travaille le légume à la maison depuis 1978. Les céréales sont dans la continuité de notre approche du végétal.» Tout naturellement, le restaurant a été baptisé la Halle aux grains. Il ne faut cependant pas se laisser tromper par ce nom qui évoque un univers rustique. La touche Bras, pionnière et contemporaine, flotte dans cet espace baigné de lumière, donnant d'un côté sur l'intérieur de la Bourse de commerce et de l'autre sur l'église Saint-Eustache, la Canopée et le Centre Pompidou. «On ne nous imagine pas dans des tentures Louis XV», s'amuse Sébastien.
En effet, mobilier, rideaux, tapis, luminaires et vases sont signés Erwan et Ronan Bouroullec. Leurs tables au plateau anthracite mettent en valeur les bols blancs signés de la designer Élise Fouin, issus, comme le reste de la vaisselle en céramique, de la manufacture Jars. Posés à l'envers, ils servent de supports aux serviettes et aux couteaux dessinés par le duo A+B designers et fabriqués par Forge de Laguiole. «Comme au Suchet, ce couteau accompagne tout le repas, explique Michel Bras. C'est un clin d’œil à celui que l'on offrait aux adolescents dans l'Aubrac, destiné à les suivre tout au long de leur vie.» Le ton est donné. À la Halle aux grains, on est en parfait équilibre entre une évocation de la tradition et l'air du temps.
Graine de créativité
Cette audace cultivée depuis toujours par les Bras est, bien sûr, au cœur de l'assiette, où le grain a une place à part. «Nous l'avons envisagé torréfié, germé, grillé…», explique Michel Bras. «Mais, attention, ce n'est pas un restaurant végétarien, insiste son fils. Les céréales, légumineuses, pousses ou graines, sont utilisées comme nos Niacs, ces jus et assaisonnements qui tonifient nos plats. Ces Niacs sont aussi une façon d'ouvrir notre carte aux territoires, car les grains utilisés pour les préparer peuvent venir de Bretagne comme d’Afrique.»
Un exemple ? Le miso de lentilles, alternative au miso de soja japonais que Sébastien a mis quinze ans à mettre au point, et qui relève le jus d'une tranche de bœuf de l’Aubrac. Un lieu jaune glacé à l'orge maltée, chou de Pontoise juste tombé et Niac lentilles-orange, un pain de légumes d'été confit longuement en cocotte, relevé de granola et de Niac olive, ou un millefeuille de graines de courge caramélisées mouillé aux vanilles illustrent aussi ce voyage culinaire.
Le sens de l’accueil
L'expérience ne serait pas aussi parfaite si elle n'était portée par une équipe soudée, attachée à la culture Bras. «Nous sommes très soucieux de la dimension humaine et de l’hospitalité», soulignent ensemble le père et le fils. Ces valeurs se ressentent dans des rituels créés pour cette adresse. Ainsi, le bol posé sur la table n'est pas anecdotique. Il permet de servir un bouillon d'accueil. «C'est le moment où les regards se croisent, précise Michel Bras. Le début du partage.» Un début qui présage du meilleur…
Halle aux grains, 2, rue de Viarmes, à Paris. Tous les jours, de midi à minuit (sauf le mardi, ouverture à 19 h 30). Menu déjeuner à partir de 54 €. Réservations au 01 82 71 71 60.
La créatrice de la galerie ADA, à Accra, capitale du Ghana, expose avec talent la nouvelle génération d’artistes africains.
Une heure de réveil ?
Entre 7 h 30 et 8 heures. Je commence par lire mes mails, puis l’actualité.
Le pitch de votre poste ?
En 2020, j’ai créé une galerie d’art contemporain africain de 850 m² où j’organise des expositions d’artistes locaux ou de la diaspora dont les œuvres n’ont jamais été montrées. Mon ambition est de présenter la prochaine génération qui entrera dans les collections des musées internationaux.
Des obstacles sur votre chemin ?
Pendant longtemps, dans mon milieu, galeriste n’était pas considéré comme une profession, et ceux qui veillaient sur l’art africain étaient surtout des hommes blancs. Moi, j’étais une femme, jeune, africaine. Il était difficile d’être prise au sérieux. Il m’a fallu du travail pour ouvrir les portes et faire que ce milieu nous accueille, nous aussi.
Des accélérateurs de parcours ?
Mon père, collectionneur d’art, et ma marraine, qui est aux conseils de musées à New York. L’art contemporain africain est un petit monde, nous nous soutenons. Quand j’ai réalisé ma première interview avec le peintre ivoirien Aboudia, j’ai su que je deviendrais galeriste. Et lorsque les collectionneurs à qui j’avais vendu des œuvres d’Amoako Boafo pour 1000 dollars ont vu que par la suite elles en valaient 400.000, j’ai gagné leur confiance. Ce fut le tournant décisif.
Des résultats à donner ici et maintenant ?
Lors de mes deux premières expos, toutes les œuvres ont été vendues. La troisième sera entièrement consacrée à des artistes femmes… et plus de 200 collectionneurs m’ont déjà contactée. Mes clients sont à New York, Los Angeles, Tokyo, Hongkong, Londres, ou encore au Nigeria.
S’il faut remonter à l’origine ?
Née à Londres, je suis moitié Nigériane, moitié Ghanéenne. J’ai étudié à l’université de Bristol, puis à celle de Columbia, à New York. J’ai ensuite travaillé dans le quartier de Mayfair, à Londres, où je passais l’heure du déjeuner à visiter les galeries. Pour un blog, j’ai commencé à interviewer des artistes africains. On me demandait souvent où acheter de l’art africain contemporain. C’est comme ça que j’ai décidé de m’installer au Ghana, où il n’y avait qu’une seule galerie.
Que vous reste-t-il à apprendre ?
Tout ! Je veux exposer aux foires d’Art Basel et de Frieze, à Londres. Je ne veux pas être simplement une «galeriste ghanéenne» !
En vidéo, Naompi Campbell : "Je ne veux pas qu'on utilise les créateurs africains comme une tendance"
Que souhaiteriez-vous transmettre ?
Aux jeunes femmes africaines, j’aimerais montrer qu’il faut faire ce que l’on aime et ne laisser personne nous faire croire que c’est impossible.
Archipel fluvial de Mariuá, Rio Negro, État d’Amazonas, Brésil, 2019.
Sebastiao Salgado
Photo, peinture, sculpture, installations, vidéos… les artistes contemporains ne manquent pas d’inspiration pour défendre la planète et nous entraîner dans leur sillage. De Paris à Bâle, quatre rendez-vous essentiels.
"Salgado Amazônia", à la Philharmonie de Paris
«L’Amazonie est vivante, il faut la préserver», tel est le mantra de Sebastião Salgado. Le grand photographe naturaliste n’a pas attendu que ce soit la mode pour s’engager dans le combat pour la planète. À travers son travail, il donne à voir la richesse de son pays, le Brésil. L’immensité de ses terres et les rites de son peuple natif. Les photos, souvent en noir et blanc, sont des manifestes aussi esthétiques que politiques. À la Philharmonie de Paris, les quelque 200 clichés, mis en musique par Jean-Michel Jarre, nous entraînent dans un voyage initiatique auprès des tribus les plus reculées d’Amazonie et offrent des ciels à couper le souffle.
Olafur Eliasson propose de pénétrer, de jour comme de nuit, dans une œuvre-paysage ouverte et abondante de nature réelle et artificielle… Life ou la vraie vie !
À Bâle, en Suisse, jusqu’au 11 juillet. Plus d'informations sur fondationbeyeler.ch.
En vidéo, une professeur de danse défend la culture en dansant dans un supermarché
"Blooming", au domaine Pommery, à Reims
Peinture, céramique, dessin, photographie…, le Cellier Pompadour accueille 61 artistes autour de la «renaissance et de l’épanouissement de la nature et des hommes».
Suspension géante de fleurs en plastique recyclé exposée au Grand Palais.
William Amor
À partir de détritus variés, l’artiste plasticien cisèle des fleurs extraordinaires. La vertueuse poésie de ses «créations messagères» envoûte l’univers du luxe.
Deux petits orangers aux branches croulant sous les fruits et les fleurs, de la lavande et une gousse de poivre surplombent, depuis peu, la salle des alambics de la distillerie Cointreau à Saint-Barthélemy-d’Anjou. Des réalisations, hommages aux arômes de la liqueur de la maison, dont la délicatesse ne laisse pas imaginer qu’elles sont réalisées à partir de rebuts. Brisures de platane, mégots, filets de pêche échoués sur le sable…
Jean Picon/Say Who
"En ville, la nature me manque"
William Amor, qui signe cette installation, travaille en effet à partir de déchets. Il possède dans son atelier parisien, qui évoque un jardin extraordinaire, une matériauthèque inédite, où il stocke sachets et flacons abandonnés... Grâce aux traitements qu’il a mis au point, à sa capacité à teinter et ciseler ces ordures, il fait éclore pivoines ou mimosa. Il vient d’ailleurs de démonter un champ d’iris en bouteilles en plastique planté à la Galerie des Gobelins, à Paris, à l’occasion de l’exposition Matières à l’œuvre, Matière à penser, Manière de faire. William Amor, un magicien qui sait rendre le PET aussi lumineux que le verre de Murano ? Plutôt un rêveur. «Je suis un hypersensible qui a grandi à la campagne. En ville, la nature me manque, explique-t-il. Pour m’adapter, il a fallu que je porte un autre regard sur les choses. Pas de graines à planter ? J’ai récolté ce que j’ai trouvé, c’est-à-dire des trucs moches, des restes.»
Une démarche poétique et défricheuse
Installation réalisée pour Les Journées du Patrimoine.
William Amor
Longtemps, il a élaboré secrètement les formules pour transformer les vieilleries en frais végétaux. Il se lance officiellement en 2014, lorsqu’il fait pousser dans le showroom de la créatrice Sakina M’sa une «Déchèterie, fleuriste de luxe». À partir de là, tout s’enchaîne. Les marques viennent cueillir auprès de lui des idées raffinées et vertes. Il multiplie les coquelicots pour Kenzo, habille un flacon Guerlain d’une liane de roses et d’églantines. Ses œuvres se sont épanouies au Grand Palais, à l’Hôtel Renaissance Arc de Triomphe, en grands formats événementiels, ou à la boutique de l’Hôtel de ville en brins numérotés destinés à la vente… prouvant que sa démarche poétique et défricheuse est bien en train de prendre racine.
Damien Hirst dans son studio londonien, travaillant sur sa série de peintures Cherry Blossoms (Cerisiers en fleurs).
Photo presse
Deux expositions majeures consacrées à l'artiste britannique ouvrent dans la capitale. Des "pill cabinets"à la Galerie Gagosian aux Cerisiers en fleurs, à la Fondation Cartier, les pièces monumentales portent les thèmes centraux de son œuvre autour de la fragilité de l’existence.
On ne pouvait pas imaginer une exposition plus juste au moment où les galeries rouvrent leurs portes. Damien Hirst, la super star de l’art contemporain, investit les trois étages de la galerie Gagosian, à Paris. L'artiste britannique est devenu mondialement célèbre du jour au lendemain, en 1991, avec son œuvre The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living, soit un requin tigre nageant dans du formol. Le projet parisien, exposé jusqu'à l'automne, est impressionnant : trois étages consacrés à ses armoires à pharmacie, «la plus grande exposition de "pill cabinets" de Damien à ce jour», souligne Millicent Wilner, directrice de la galerie Gagosian à Londres et spécialiste de l’artiste. Certaines de ces «vitrines à pilules» sont immenses.
L’œuvre intitulée Forgiving and Forgetting (Pardonner et Oublier) compte pas moins de 15.000 pilules, placées une par une, selon un angle et un espacement déterminés par Hirst. «J’ai toujours considéré ces vitrines comme un précipice ou un vide. Elles vous consument, vous avalent en entier et il y a une grande ironie parce que c’est simplement un portrait de ce que nous sommes, des petites choses que nous avalons pour nous sentir plus humains, plus en vie, immortels», explique-t-il.
Un arc-en-ciel de pilules
Pour Damien Hirst, il s’agit bien de sculptures créées pour provoquer un sentiment d’émerveillement et de surprise chez les visiteurs. Il y a d’abord les «cabinets» eux-mêmes, en acier, aux bords arrondis. Les pilules, en résine, en plâtre ou en métal, toutes réalisées à la main, sont alignées devant un fond en miroir qui accentue la force de l’œuvre, donnant presque une sensation de vertige. Chaque vitrine est d’une précision clinique. Les pilules alignées constituent un arc-en-ciel de couleurs irrésistiblement attrayantes. L'artiste basé à Londres parle de «couleurs minimalistes délicieuses (…). J’adore la couleur. Je la ressens en moi. Elle me fait tourner la tête».
Ces sculptures, qui font partie du travail de Hirst depuis 1999, parlent de la fragilité de l’existence, mais aussi de la fétichisation des médicaments, la croyance qu’ils peuvent prolonger la vie. Chaque vitrine est une question que pose Hirst aux visiteurs : «L’art est comme la médecine, affirme l’artiste : il peut vous guérir. Pourtant, j’ai toujours été étonné que les gens croient en la médecine, mais ne croient pas en l’art, sans jamais questionner l’un ou l’autre».
La science, l’art, la médecine, le corps humain... autant de thématiques qui se mêlent depuis le début dans le travail de Damien Hirst. Dans les années 1990, l'artiste âgé de 56 ans a même réalisé une série de pièces connues comme les peintures «pharmaceutiques», chacune nommée d’après un remède dans le catalogue du laboratoire américain Sigma-Aldrich. Par exemple, Anthraquinone-1-Diazonium Chloride.
Au même moment, rive gauche, la Fondation Cartier, présente justement, une exposition de peintures : Cerisiers en fleurs (Cherry Blossoms). On n’avait pas vu Hirst se confronter à la toile, pinceau à la main, depuis longtemps. C’est Hervé Chandès, le directeur de la Fondation Cartier, qui, après l'avoir rencontré à Londres en 2019, l’invite à venir exposer à la fondation, première exposition de Hirst dans une institution en France.
Hirst a réalisé dans son atelier londonien 107 toiles immenses. 30 seront présentées dans la bâtiment du boulevard Raspail. «La peinture vous saute au visage, raconte Marie Pérennes, co-commissaire de l’exposition. Les toiles sont monumentales. Certaines font 7,5m par 5,50m.» Hirst confirme : «Ces toiles sont excessives, presque vulgaires. Je voulais que les cerisiers en fleurs soient si imposants que vous puissiez presque tomber dedans, que l’on ait la sensation d’être trop proche des toiles. J’ai toujours voulu que mon travail – les requins et tout le reste – soit agressif, qu’il vous saute au visage.» Ces toiles, si différentes des vitrines à pilules, leurs font pourtant écho. «Les cerisiers parlent de renouveau, évoquent la vie, la mort, l’éphémère», de fragilité de l’existence, comme les pilules, analyse Marie Pérennes.
Pour les cerisiers, Hirst a commencé par peindre des toiles de petite taille et, graduellement, comme s’il s’enhardissait, il a augmenté le format de ses tableaux. Cette série représente un effort considérable, pas moins de trois années de travail. «Après un certain temps, raconte-t-il, je m’assieds sur une chaise, je fais encore deux ou trois points de peinture et j’observe beaucoup. A la fin, je ne fais qu’être assis et regarder. Après avoir été beaucoup assis et beaucoup regardé, je ne veux plus rien changer et la toile est terminée. Mais quand je pense que c’est terminé, je tourne encore autour pendant deux ou trois mois, juste pour être absolument certain.»
Le confinement a été un accident bénéfique, affirme Damien Hirst. «Il a été positif, d’une certaine manière, simplement parce que j’ai continué à peindre et à me perdre dans la peinture. Je crois que ce sont les toiles que j’ai toujours voulu peindre lorsque j’étais jeune, mais je n’avais pas les tripes pour le faire», confie cet amoureux du peintre Pierre Bonnard. L'été parisien sera «hirstien» ou ne sera pas.
Damien Hirst, Cathedrals Built on Sand. Jusqu’au 22 septembre 2021. Gagosian Paris, 4 Rue de Ponthieu, 75008 Paris. Damien Hirst, Cerisiers en fleurs. 6 juillet 2021 – 2 janvier 2022. Fondation Cartier pour l'art contemporain, 261 Boulevard Raspail, 75014 Paris.
Saint Laurent rend hommage à Jean-Michel Basquiat à travers une exposition et une collection capsule.
Saint Laurent / Photo presse
La maison Saint Laurent rend hommage au peintre américain Jean-Michel Basquiat en proposant une collection capsule, ainsi qu'une exposition présentée dans ses boutiques de Paris et de Los Angeles.
Étoile filante à la carrière fulgurante, Jean-Michel Basquiat aura connu la gloire de son vivant. Décédé le 12 août 1988 d'une overdose à l'âge de 27 ans, il figure parmi les artistes américains les plus côtés, dont les toiles s'arrachent à plusieurs dizaines de millions de dollars. Pionnier du mouvement underground new-yorkais des années 1980, rockstar de l'art contemporain, Jean-Michel Basquiat était aussi connu pour son sens aiguisé du style.
Manteaux oversize, locks et jeans griffés tachés de peinture faisaient parties de son dressing de dandy moderne, à mi-chemin entre le négligé et la sophistication. Proche des cercles mode de l’époque, il s’était lié d’amitié avec les couturiers Charles de Castelbajac ou Agnès B et aimait peindre en costume Dior ou Armani.
Une exposition et une collection lifestyle
Un style, une personnalité et une œuvre uniques auxquelles Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, rend hommage au travers d'une collection (1) et d'une exposition. Présentée chez Saint Laurent Rive Droite à Paris et à Los Angeles, celle-ci regroupe des peintures de l’artiste, une sérigraphie, plusieurs dessins, dix-huit lithographies originales, des livres, une cuillère et une veste en jean issue de l'une des premières ventes aux enchères pour la lutte contre le SIDA.
Saint Laurent rend hommage à Jean-Michel Basquiat à travers une collection capsule
Réalisée en collaboration avec la Succession Jean-Michel Basquiat et Artestar New York, la collection lifestyle disponible en ligne se compose de t-shirts, hoodies, sacs à dos, bananes, planches de surf, coques de téléphone, inspiré des toiles et graffitis de l'artiste.